MARRE D’ETRE VICTIMES, FIERS D’ETRE COUPABLES,
Posted: février 16th, 2012 | Author: valognes | Filed under: Coin lecture, Textes en français | Commentaires fermés sur MARRE D’ETRE VICTIMES, FIERS D’ETRE COUPABLES,message des prévenus d’un blocage en Italie le 7 février 2011
Le 15 février devait débuter à Susa le procès où sont poursuivis quatre militants pour divers délits en rapport aux événements du 7 février 2011, quand un train de déchet en partance pour la Hague fut retardé pendant 6 heures en Val de Suze. Le procès du 15 février a finalement été reporté. En attendant, deux des prévenus subissent un contrôle judiciaire de type « assignation à résidence ».
MARRE D’ETRE VICTIMES, FIERS D’ETRE COUPABLES
Cette nuit-là, quelques semaines avant le désastre nucléaire de Fukushima, une quarantaine de personnes se retrouvèrent à Condove, dans le Val di Susa, réussissant à retarder quelques heures les trains chargés de déchets nucléaires à destination de La Hague en France. Des déchets qui vont d’un pays à l’autre pour revenir souvent, comme pour les dépôts de Saluggia et de Trino, à leur point de départ après avoir subi des traitements qui, même s’ils limitent la radioactivité, fournissent surtout du matériel radioactif pour un usage militaire ou de nouveaux combustibles pour les centrales de l’autre côté des Alpes (sans parler des confortables compensations pour les entreprises concernées).
Sans aucun doute, il faut reconnaître que les événements de cette nuit-là ont porté à l’attention générale les dangers immanents auxquels sont exposées les populations vivant aux alentours des centrales nucléaires ou qui vivent le long des trajets accomplis par ces trains de la mort dans le silence le plus absolu. C’est pour cela que nous refusons toute accusation spécifique à notre encontre, la logique perfide et d’intimidation qui tend à séparer les bons des mauvais, ceux qui sont plus ou moins responsables de ce qui a eu lieu cette nuit-là. La lutte contre le monstre nucléaire tout comme celle contre le train à grande vitesse, ou bien celles contre l’autoritarisme et les inégalités sociales, sont des batailles que nous menons la tête haute en nous opposant fermement à la tentative de criminaliser toute mobilisation.
Nous accordons une grande importance au fait que la discussion sur le nucléaire et ses déchets sont redevenus un centre d’intérêt, même si c’est à la suite d’une profonde tragédie comme celle qui a frappée le Japon. Nous ne pouvons que nous réjouir du fait qu’après la mobilisation contre le passage des déchets à Condove, il y en a eu une autre à Avigliana, beaucoup plus nombreuse, et que les trains de la mort ne passent plus, au moins pour le moment, dans le Val de Susa ; semble-t-il, depuis ce moment, les transports de déchets ont été suspendus, au moins dans le Piémont.
Convaincus de la légitimité absolue de nos actions, nous ne nous laisserons pas intimider par la répression policière et nous transformerons les dates du procès qui nous est fait en occasions de relancer nos accusations contre les nucléocrates et contre ceux qui tirent profit de l’industrie nucléaire civile ou militaire.
Dans ce jeu absurde avec l’atome, les victimes et les bourreaux, à la fin, payeront le même prix. On ne nous convaincra pas du contraire et leurs lois ne pourront jamais démonter les raisons de ceux qui veulent empêcher les messieurs du nucléaire et de la guerre de jouer avec la planète.
Quelques-uns, parmi nous, ont été traités de terroristes, par les journaux asservis et lèche-bottes du régime. Alors, si nous sommes des terroristes, ceux qui, en construisant les centrales nucléaires, ont placé une épée de Damoclès au-dessus de la tête des populations sont des bienfaiteurs ; ceux qui lancent sur des populations sans défense des bombes à l’uranium appauvri sont des gens biens respectueux des lois et de l’autorité. Pas comme nous, anarchistes violents et qui plus est insurrectionnalistes.
Aucun tribunal ne pourra nous juger. Cette tâche appartient aux générations futures.
Arturo, Guido, Luca, Toshi le Lundi 13 février 2012