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Après Valognes : bloquer l’industrie nucléaire

Posted: décembre 6th, 2011 | Author: | Filed under: Après Valognes, assemblée francilienne., Textes en français | Commentaires fermés sur Après Valognes : bloquer l’industrie nucléaire

Réunion publique à Montreuil le Vendredi 16 décembre à 18h

+ repas à prix libre en soutien aux inculpé-e-s de Valognes.

Attention ! Changement de lieu : La Parole Errante, au 6 rue François Debergue, Montreuil, Métro Croix de Chavaux


Au moment même où se finalisait un accord PS/Vert signalant la poursuite, par les élites politiciennes et techniciennes, de la voie du nucléaire, quelque cinq cent personnes se réunissaient pour entraver le déplacement d’un convoi de déchets hautement radioactif en Normandie. Quelques mois après le début de la catastrophe de Fukushima, et alors que l’on saisit gravement les impasses du lobbying et des stratégies électorales, une opposition « à l’allemande » semble pouvoir se dessiner. Outre-Rhin, ce sont tous les secteurs de la société qui ne cessent, depuis des décennies, de montrer par des actions massives ou individuelles, par de larges campagnes d’information que l’on peut et que l’on doit refuser le nucléaire. À Valognes, ce sont des militant-e-s du Réseau Sortir du Nucléaire, des syndicalistes de Sud, mais aussi des collectifs et des individu-e-s de toute la France qui se sont retrouvés, afin d’imaginer ensemble comment sortir de l’action symbolique et renouer avec les actions de masse où se composent les différentes stratégies. Dans l’enthousiasme de Valognes, il est devenu évident qu’il fallait dresser le bilan et prolonger cette dynamique là où chacun habite, afin de la construire sur la durée.


Soirée Projection-débat Autour et Contre le Nucléaire, à Dijon

Posted: décembre 3rd, 2011 | Author: | Filed under: Textes en français | Commentaires fermés sur Soirée Projection-débat Autour et Contre le Nucléaire, à Dijon


Bar l’Annexe, 45, rue Devosge, Dijon
Jeudi 8 décembre à partir de 19h

Le nucléaire occupe actuellement une place inédite dans le paysage politico-médiatique. A l’écart des débats qui le composent et dont on se demande toujours s’ils sont réellement porteurs de perspectives concrètes, de Valognes à Gorleben, du 23 au 29 novembre, des milliers de personnes ont tenté de bloquer le train de déchets radioactifs « Castor ». Alors qu’en Allemagne, cette mobilisation s’enracine dans une longue histoire, en France elle s’est présentée comme une tentative visant à insuffler un nouvel élan aux luttes anti-nucléaires. De tels événements n’ont pas vocation à rester des souvenirs. Marquants par leur ampleur et leur nouveauté, ils témoignent d’une énergie et de possibilités dont il s’agit de se saisir ensemble.
Divers collectifs et individus commencent à se rassembler localement afin de questionner les enjeux du nucléaire dans la région et d’élaborer une résistance de long terme.
La soirée proposée se veut être une occasion d’échanges multiples à propos du rôle de l’industrie nucléaire dans nos sociétés, des oppositions qu’elle rencontre et qui permettront peut-être un jour d’y mettre fin.
Elle mêlera projections de courts documents vidéos, débats et interventions de divers acteurs de la lutte anti-nucléaire de Bourgogne et d’ailleurs.

Venez nombreux !


APRES LE CAMP À VALOGNES, communiqué n°4

Posted: décembre 2nd, 2011 | Author: | Filed under: Textes en français | Commentaires fermés sur APRES LE CAMP À VALOGNES, communiqué n°4

À Valognes, le 23 novembre dernier, c’est un peu de l’arrogance du lobby nucléaire qui a dû en rabattre, et c’est un peu du sentiment d’impuissance qui poisse depuis tant d’années celles et ceux qui le combattent qui s’en est allé. Alors qu’Areva se permettait la semaine précédente d’exposer aux journalistes comme il leur avait été simple de faire retirer le paragraphe sur le MOX de l’accord PS-EELV, dévoilant ainsi aux yeux de tous qui est le maître en ces matières, ils offraient à Valognes l’image du plus complet désarroi : ils hâtaient d’un jour, dans la précipitation, le départ du train CASTOR, faisaient boucler par la préfecture tout le centre de Valognes, fermer les collèges et lycée de la ville pour la journée et dénonçait ensuite ces gens «qui ont perturbé le fonctionnement de toute une région». Tout cela parce que 500 personnes venant de toute la France s’étaient donné rendez-vous dans un camp pour bloquer un train et partager leur désir d’en finir avec la mainmise du nucléaire sur leur vie.

L’efficacité véritable de l’action collective réside rarement dans ses effets les plus perceptibles. Que nous ayons réussi par trois fois à accéder en masse aux voies, à y soulever les rails, en ôter le ballast sur plusieurs dizaines de mètres et finalement à retarder le départ du train de plusieurs heures, et ce malgré l’énormité du dispositif policier, n’est certes pas un résultat négligeable. Mais nous accordons plus d’importance à la façon dont nous sommes parvenus à un tel résultat, à l’intelligence collective qu’il faut avoir acquise pour arriver, par une marche nocturne à travers champ, à prendre de court les forces adverses et, de là, à les fixer en un point pour que d’autres trouvent les rails libres quelques centaines de mètres plus loin. Nous nous souviendrons pour longtemps du soleil qui se lève sur une brume à l’odeur de gaz lacrymogène, des habitants et habitantes de Flottemanville qui nous offrent spontanément du café et nous encouragent, de ces maires qui nous ouvrent leur mairie, réconfortent nos blessés, nous offrent le refuge. Et nous n’oublierons pas de sitôt ces cartouches de gaz CS qui pleuvent indistinctement sur tout le village, dans ses maisons, ses poulaillers, et qui témoignent assez de tout le respect que la police éprouve à l’endroit de la population. Qui a dit, d’ailleurs, que la population du Cotentin était uniformément favorable au nucléaire qui la fait vivre ? Nous avons, nous, croisé ce ce jour-là, de nombreux soutiens actifs dans la population, tout comme auparavant des voisins, des familles, étaient venues sur le camp pour partager le repas.

Plutôt que de minorer le nombre des manifestants, de les traiter de «casseurs», de se féliciter que le train soit tout de même parti, Areva et sa préfecture feraient bien de s’inquiéter de la détermination de celles et ceux qui ont agi là, comme de la solidarité qui s’est exprimée à leur endroit, que ce soit localement ou en Allemagne. A combien de décennies remonte, en France et toute proportion gardée, la dernière grande bataille contre la pieuvre atomique ? Faut-il être aux abois pour inculper une manifestante de 65 ans pour vol, parce qu’elle a prélevé quelques canettes de soda sur un camion de livraison de repas de la gendarmerie en flammes et nier devant les journalistes tout coup de matraques quand cela fait plusieurs heures que les images de manifestants tabassés sont sur tous les écrans ?

Le feuilleton national des dernières semaines autour du nucléaire ne peut guère laisser de doute sur ce qu’il y a à attendre des gouvernements pour ce qui est d’en sortir. En la matière, nous ne pouvons compter que sur nos propres forces. Si Valognes nous a renforcés et a renforcé notre cause, c’est en cela : que ce soit pour l’organisation du camp ou de l’action, pour ce qui est de prendre les décisions justes ou d’exprimer nos idées, nous n’avons attendu personne. Nous avons fait ce que nous pouvions, dans la mesure de nos moyens certes limités, mais non dérisoires. Et en dépit des manoeuvres d’Areva, de la SNCF et de leurs complices, nous avons réussi à faire ce que nous nous étions proposés de faire. La chose n’est pas si courante. Qui plus est, nous savons que Valognes ne fut pas le seul point de blocage du CASTOR en France, et même si Areva et la SNCF tentent de taire le harcèlement dont ils font l’objet, nous sommes omniprésents et irréducitbles. Les retards du CASTOR, consécutifs à l’action de blocage de la voie dans le sud-manche et à l’usage de signaux d’alarme dans la région de Rouen en sont la preuve. Nous espérons seulement que cet exemple donnera de la force à toutes celles et tous ceux qui, ailleurs, brûlent d’en faire autant.

Nous n’avons jamais envisagé Valognes comme un coup d’éclat, mais plutôt comme un nouveau départ, un apport de vigueur, une contribution déterminée à tout ce qui, en France, veut s’affranchir de la fatalité nucléaire. Nous savons que le chemin sera long et âpre. En même temps qu’il nous faut nous arracher à la production électrique centralisée et retrouver dans notre façon de vivre comme dans ce qui nous entoure l’énergie dont nous avons besoin, il nous faut perturber par tous les moyens les flux d’uranium et de déchets qui tissent le fonctionnement régulier et soigneusement occulté de l’industrie de l’atome aussi bien que son maillon faible. Il nous faut empêcher la construction de l’EPR de Flamanville et déboulonner les lignes THT qui doivent y aboutir, si nous ne voulons pas en reprendre pour 40 ans de plus de soumission au chantage nucléaire. Il y a tout un décrochage à organiser, un décrochage technique et politique vis-à-vis de la normalité nucléarisée. Areva juge nos méthodes «inacceptables»; nous jugeons que c’est l’existence même d’Areva qui est, en chacun de ses détails, inacceptable. Les milliards investis dans le lifting de son image, depuis que la Cogema est devenue Areva, n’y changeront rien. Il faut que la production d’énergie à partir de l’atome devienne partout visiblement le problème qu’elle est essentiellement. Comptez sur celles et ceux de Valognes pour y travailler.

Collectif Valognes stop castor

Aux un-e-s et aux autres présent-e-s à Valognes, n’hésitez pas à nous envoyer vos impressions, analyses, ressentis après le camp et l’action du 23 novembre 2011 sur le mail du collectif, valognesstopcastor arobase riseup point net.
Par rapport à l’action, pour celles et ceux ayant eu des démêlés avec les forces de l’ordre , vous pouvez contacter la legal team du collectif : legalteamvalognes arobase riseup point net


Valognes, et après…

Posted: décembre 1st, 2011 | Author: | Filed under: Coin lecture, Textes en français | Commentaires fermés sur Valognes, et après…

Impressions générales

Gardons-nous de voir dans ce qui s’est passé à Valognes fin novembre une forme décisive et définitive que prendrait un toujours improbable mouvement antinucléaire en France. Constatons simplement, modestement et de manière réaliste, que quelque chose s’y est potentiellement ouvert et que c’est d’ailleurs le pari que nous avions fait.
Mais admettons sincèrement que les formes prises par cette initiative posent, en effet, des orientations privilégiées qu’il convient de questionner dès maintenant au risque qu’elles ne s’imposent à nous sans que nous les ayons choisies, dans l’euphorie du moment. Une euphorie certes bien légitime, mais venant essentiellement d’une réussite organisationnelle qui ne peut constituer une base suffisante pour poser une critique du monde nucléarisé et qui ne doit pas masquer les manquements de cette initiative (gardons-nous pour le moment d’imputer ces manquements à tel ou tel « courant », puisqu’ils proviennent avant tout du fait de ce pari de travailler collectivement en tension avec les divergences évidentes qui habitent la nébuleuse antinucléaire en France, et en ayant laissé ces divergences au second plan dans un premier temps).
Pour le dire autrement, le pari était d’ouvrir un espace de discussions et d’initiatives communes à partir d’un point d’accord minimal : face à l’ambiance « citoyenne* » qui pollue nos contrées depuis des années, une forme de déférence (de passion même) à l’égard de l’Etat s’est installée tranquillement en évacuant toute colère et toute possibilité d’engager un conflit réel avec lui, et en laissant place aux « aménageurs de la survie administrée** ». Que cette ambiance-là ait été perturbée à Valognes ne signifie pas grand-chose en soi. Et le plaisir ressenti quand on apprend deux jours après Valognes que, de manière assez improbable, le paysan dans la cour duquel le fourgon de ravitaillement des flics a cramé a partagé le même plaisir que nous, faisant référence à l’histoire des luttes agricoles (les fameux « gestes » de la FNSEA…), doit nous rappeler que ces formes-là n’assurent en rien la forme et le contenu des suites. Ne boudons pas notre plaisir mais sachons prendre un peu de recul.

Ce que nous avons réussi

Sans se préoccuper de la mauvaise blague qui prétend qu’en matière de blocage, tout ce que, in fine, nous aurions réussi à faire, compte tenu des craintes d’Areva et de l’anticipation d’une journée du départ du train, c’est de l’avoir fait partir 22 heures avant l’heure initialement prévue, ramenons tout de même l’intention affichée du blocage à ce dont nous nous sentions capables, à savoir perturber le train-train quotidien de l’industrie nucléaire. Pour le coup, il n’était pas évident d’y parvenir aussi efficacement pour une première depuis bien longtemps par chez nous.
Avant même le matin du rassemblement, nous pouvions mesurer une certaine réussite compte tenu des craintes d’Areva et de l’Etat français, identifiables à la fois par ce départ anticipé du train et par une mobilisation policière qui, si elle s’est en partie ridiculisée par son inefficacité matinale, a surtout rappelé le vrai visage d’une société nucléarisée, nécessairement adossée à un Etat policier dont l’autoritarisme n’a d’égale que son arrogance liberticide.

Nous savons désormais que 800 personnes déterminées et organisées sous un mode horizontal, faisant preuve d’un peu d’intelligence collective, ont pu déjoué momentanément un dispositif policier massif (3.000 flics le long des voies en France et au moins 500 aux abords de Valognes) ce qui leur a permis d’accéder aux voies en y perpétrant quelques dégradations (déballastage grossier, rail tordu à un endroit, signalisation électrique hors service pour quelques jours…). La stratégie de l’étalement le long des voies a également permis un harcèlement de plusieurs heures. Ne négligeons pas le plaisir d’avoir mis le feu au fourgon de ravitaillement de la flicaille qui, comme beaucoup d’Allemands et d’Américains avant lui, s’est piteusement égaré en plein milieu du labyrinthique bocage cotentinois, à l’endroit même où nous ruminions notre première reculade. Mais là encore regardons lucidement la tension qu’a pu produire cette escarmouche sur le moment. Il est évident que tout le monde n’était pas prêt à vivre sereinement cet acte et qu’il a contribué à affaiblir la complicité installée toute la matinée et de ce fait à compromettre les suites du harcèlement des voies ferrées.

Nous savons que ces complicités de circonstances sont fragiles et nécessitent une attention de chacun à tout instant si on veut conserver une certaine unité, condition de notre force dans ces situations. Mais l’expérience du mercredi laisse toutefois présager de nouvelles opportunités de ce type, sans négliger le « retour d’expérience » policier mais sans négliger non plus nos nouvelles passions « géographiques » et la possibilité d’être rejoints par d’autres, et ce d’autant plus que cette journée est loin d’avoir effrayé les participants et sans doute pas non plus les observateurs, étant donné la couverture médiatique, qui fut plutôt bienveillante (et juste) en ce qui concerne la description des scènes de rapports de force. Pour ce qui est des suites judiciaires, sans négliger les inculpations et l’enquête à venir qui pourrait alourdir les conséquences, pour le moment elles promettent d’être moins lourdes qu’à l’accoutumée dans de telles circonstances.

Si de tels constats réjouissants sont possibles, on le doit en partie à une construction collective qui fut loin d’être complètement chaotique. Alors même que la nécessaire discrétion (j’y reviendrai) qu’imposait cette initiative ne facilitait pas une grande ouverture dans la participation aux décisions pour la préparation du camp, on peut avoir le sentiment que les réunions publiques préalables et les assemblées du camp ont permis de compenser ce défaut initial et de fabriquer une certaine horizontalité, nécessaire pour faire exister une confiance et une complicité. On notera quand même un bémol puisque si de telles assemblées (avec autant de monde) ont pu exister c’est qu’elles étaient constituées essentiellement de groupes affinitaires ayant pu se préparer auparavant et en parallèle, mais laissant du coup un peu seuls et désemparés celles et ceux qui nous ont rejoints isolément. Il y aura là à réfléchir sur la possibilité de trouver pour tous une place à égalité de quiconque. Mais, déjà, retenons que les discussions en allers-retours entre groupes affinitaires et assemblées semblent pertinentes et que le déplacement effectué dans l’après-midi du mardi des groupes affinitaires vers des groupes « géographiques » a sans doute permis à des individus isolés de trouver plus facilement une place à égalité de chacun. Mais si ce type de fonctionnement est une évidence pour beaucoup d’entre nous, la diversité des histoires politiques qui se rencontrent dans un tel moment doit être l’occasion de mettre en discussion cette horizontalité, d’autant que beaucoup d’organisations installées dans l’opposition au nucléaire se caractérisent par un fonctionnement centralisé et hiérarchique et que cette situation a beaucoup contribué à une démobilisation massive depuis des années.
Concernant la discrétion que nous nous sommes imposée, elle doit continuer à faire problème et n’être en rien systématique. Cependant, il faut reconnaître ici que la discrétion quant aux lieux du camp et du rassemblement a eu deux avantages décisifs. Pour le camp, il fallait protéger le propriétaire des pressions inévitables qu’il aurait subies, d’autant plus qu’il n’y avait pas assez de monde sur place au quotidien pour ne pas le laisser seul. L’histoire a l’air de nous donner raison. Pour le lieu du rassemblement, il était encore plus improbable de le tenir caché aussi longtemps, avec le risque que les locaux et les individus ne faisant pas partie des groupes affinitaires précités ne soient pas au courant du lieu et prennent à la fois peur d’autant de mystère. Difficile de dire si cette peur a existé et dissuadé, mais force est de constater que les « autorités » ont été un peu prises de court en n’apprenant qu’une trentaine d’heures à l’avance le lieu du rassemblement.
L’histoire de Valognes démontre donc qu’il est envisageable de tenir secret des informations de ce type (mine de rien quand même assez largement partagées…) à condition que les intentions précises soient affichées. A propos de ces dernières, il restera à discuter collectivement, mais il semble que la majorité des participants auront appris à accepter les modes de dégradation des voies ferrées adoptés, en ayant confiance dans le fait que les conséquences ne pouvaient être que matérielles et aucunement humaines. Les Allemands nous l’avait prouvé depuis des années. On notera au passage que la couverture médiatique (que nous avons largement suscitée) aura aussi aidé à faire connaître le lieu du camp et du rassemblement à la dernière minute. Notamment localement.
En lançant cette initiative, nous avions le sentiment qu’une des raisons qui maintenaient l’opposition au nucléaire en léthargie consistait en ce qu’aucun rassemblement populaire depuis des années ne pouvait se targuer d’un quelconque résultat. L’opposition se résumait à quelques mobilisations symboliques qui n’avaient d’autres ambitions que de fabriquer un terrain à peine fertile pour des récupérations électorales assurant le prolongement de l’industrie nucléaire. En contraste, l’opposition allemande n’a fait que se renforcer depuis des années, et ce notamment grâce à l’activité militante dans le Wendland (Gorleben). Elle s’est renforcée à l’endroit même où elle avait subi un premier échec, la mise en chantier du site d’enfouissement de déchets de Gorleben. Vue de chez nous, la situation paraît paradoxale puisque, historiquement, chaque victoire de l’industrie nucléaire a été suivie d’une déliquescence de l’opposition, notamment parce que, de manière pragmatique, une fois en place, l’installation nucléaire est suffisamment bien gardée pour décourager toute tentative de perturbation. L’histoire de la mobilisation dans le Wendland dit, entre autres choses, que pour rester vivante une opposition a besoin de sentir qu’elle a prise concrètement sur ce qu’elle condamne. Et le transport de matières radioactives reste le rare domaine du nucléaire difficile à surveiller pour un Etat. Si les Allemands n’ont qu’une seule fois en quinze ans (et au tout début) réussi à faire faire demi-tour à un train de déchets, on serait de mauvaise foi à ne pas considérer comme une avancée la possibilité concrète de perturber ces transports et d’être chaque année plus efficaces.

C’est aussi une manière de reprendre prise sur nos vies. Là était le pari initié à Valognes et qui semble suffisamment partagé pour promettre des suites. Cette attitude a au moins le double avantage d’être à la hauteur du totalitarisme nucléaire (qu’on ne combattra pas en posant des panneaux solaires sur son toit) et de commencer à faire sentir la force d’une collectivité qui s’organise pour reprendre ses affaires en main.
De manière lapidaire et approximative, l’appel de Valognes faisait référence à l’ancrage local comme critère déterminant pour la réussite des luttes. Plogoff servait alors de démonstration. L’histoire est sans doute plus complexe puisque quelques années avant Plogoff, sur un territoire géographiquement et culturellement proche, les habitants de la région de Brennilis ont majoritairement laissé une centrale s’y installer. Il faut croire que d’autres ingrédients qu’une simple résistance locale à l’envahisseur entrent en ligne de compte dans la construction de telles luttes. Nous n’engagerons pas ici une telle analyse, mais il s’agit d’avoir en tête ces précisions pour décrire la place de l’ancrage local que nous avons essayé de tenir dans cette initiative de Valognes.
La situation du Nord-Cotentin dans son rapport au nucléaire est connue de tous. L’opposition au nucléaire s’est marginalisée au fur et à mesure que l’industrie nucléaire s’imposait comme bassin d’emploi et comme manne financière pour la région. L’incessante contre-information des militants n’y a rien fait jusqu’à aujourd’hui. Il était donc évident que l’appel à perturber le départ du train Castor lancé par’ des groupes majoritairement distants géographiquement de cette région revêtait un caractère « hors sol » inévitable.
Assumer de le dire comme tel, c’est aussi assumer que ce caractère « hors sol » est notre condition commune à tous, et qu’un révolutionnaire sincère dans une quelconque usine n’est pas moins « hors sol » qu’un opposant breton au nucléaire de passage dans la Manche. L’atomisation des individus et la destruction méthodique de toute communauté culturelle ancienne ne sont pas pour rien dans cette situation. La question posée est donc de savoir que faire de cette condition et non pas juste de la déplorer, disqualifiant d’avance toute initiative.
La moindre des choses pour les initiateurs de l’appel était de comprendre l’histoire de la cohabitation avec le nucléaire dans le Nord-Cotentin et de s’appuyer sur les quelques forces encore actives et déterminées à en finir avec le nucléaire. Cela aura été fait un peu dans la précipitation grâce à une présence régulière sur place et à deux réunions publiques préalables. Ce qui est certain c’est que ce rendez-vous n’aurait pu se tenir sans l’implication des locaux mais que tout reste à faire pour que ce « coup d’éclat » soit le début d’un travail commun avec eux. La prochaine réunion de Coutances (le 14 janvier) voudra commencer ce travail. Les premiers retours que l’on pressent, malgré un cafouillage sur l’assemblée du mardi soir où beaucoup de gens du coin étaient venus à une discussion sur l’histoire des luttes et les  perspectives qui n’a pas vraiment eu lieu, sont plutôt positifs. Et alors même que nous n’avons pu, pour cause de discrétion, prévenir les voisins des rails de notre arrivée impromptue, ces derniers ont majoritairement bien vécu la situation. D’avoir pris le temps d’aller à leur rencontre après coup était important. Ne pas laisser seuls les locaux assumer les conséquences de notre passage sera aussi la condition de la justesse de notre position.

La tentation du « geste fort » (stratégie du coucou, esthétisme, et amour de l’efficacité)

Reconnaissons une chose : l’accord minimal de se défaire du citoyennisme et de sa passion pour l’Etat a aussi été en partie recouvert par l’enthousiasme partagé à l’idée de pouvoir porter un mauvais coup à l’Etat et à son industrie nucléaire et, pour beaucoup, cela suffisait comme moteur de cette initiative. Il y a là en jeu une passion pour l’efficacité et l’esthétique des « gestes » qui pose quand même question. Cette disposition au « scandale » porte surtout en elle le risque de se détacher d’une construction collective forcément laborieuse au profit de l’intensité des « gestes » portés par de petits groupes affinitaires. La dimension du secret qui accompagne ces « gestes », autant par précaution indispensable – étant donné leur illégalité – que par passion des ambiances « complotistes », renforce la difficulté d’une construction collective des luttes.
Les « gestes » comme premier moteur de la lutte ont aussi ce revers d’être déplaçables à merci au gré des opportunités, donnant le sentiment d’une « stratégie du coucou »; le groupe qui les porte venant occuper et perturber un espace marqué par ces constructions collectives laborieuses et pleines de tensions jamais résolues. Ces « gestes forts » étant censés résoudre ces tensions en faisant pencher la balance vers une plus grande radicalité. Outre que cette disposition présuppose l’esthétique du « geste » comme force de conviction (et donc de conversion à la radicalité), éludant tout travail de la pensée, elle évacue aussi le travail sur les divergences de fond. En cela, ces démarches ne se distinguent pas fondamentalement des « scandales » initiés par exemple par Greenpeace, les médias jouant là aussi un rôle de relais indispensable à la visibilité, bien qu’il faille reconnaître à ces groupes une défiance bien plus grande à leur égard, mais souvent feinte pour mieux s’en servir.
Une fois dit cela, il convient d’analyser en quoi le camp de Valognes a pu échapper à cette tentation alors qu’elle pouvait être présente à l’origine. On l’a déjà décrit auparavant : l’acceptation d’une construction collective laborieuse autour des divergences de fond sur lesquelles se constitue la nébuleuse antinucléaire était un premier gage. L’attachement à l’histoire en cours dans le Nord-Cotentin et l’envie assumée de poursuivre ce travail d’opposition au nucléaire à cet endroit devrait aussi nous permettre d’éviter cette « stratégie du coucou ». Tout reste à faire et à prouver sur ces points, et le côté grisant de l’opération de Valognes risque bien de conforter ces dispositions si on n’y prend pas garde.
Pour expliciter un peu plus la manière dont cette tentation du « geste fort » a pu habiter cette initiative, un retour sur l’imaginaire allemand s’impose. Il paraissait en effet déplacé de prendre comme point d’appui l’exemple des luttes dans le Wendland alors que le Cotentin (et la France en général) se caractérise par l’impossibilité d’imaginer qu’à court terme les conditions de mobilisation massive nécessaires à ces luttes soient réunies. Si on a suffisamment à l’esprit cette réalité indépassable, il ne s’agit pas de venir plaquer artificiellement (et sous couvert d’une passion pour l’esthétique des luttes) des formes de lutte, mais de mesurer qu’en effet le souci de dépasser les manifestations symboliques doive rencontrer une certaine effectivité dans les nuisances que l’on peut porter à l’encontre de ce monde. Il ne s’agit pas d’un culte du plaisir mais juste de prendre conscience que l’efficacité des actes est aussi une manière de faire ressentir concrètement une force collective. Sentiment indispensable pour nourrir l’idée d’un dépassement possible de notre dépendance envers l’Etat et ses marchés.
En conséquence, il apparaît que ce n’est pas tant le choix du coup de force en soi qui pose problème, mais l’élan dans lequel il s’inscrit. Cet élan est autant constitué d’attention à la situation, aux individus qui se sentent concernés, à l’éclaircissement d’une critique de ce monde qu’à l’efficacité de ces actes. Cette dernière étant la plus évidente à organiser, il y a une tentation première de réduire cet élan à ce genre de considérations. Vu de loin, l’exemple de la contestation dans le Wendland en est peut-être une illustration. Il est à parier que ce rendez-vous annuel dans le Wendland soit devenu une sorte de passion collective pour l’efficacité des gestes de blocage, arbitré par un spectacle médiatique obsédé par les records battus (voir cette année la couverture médiatique focalisée sur le record de retard du convoi de déchets à l’arrivée). Cette crainte semble justifiée par la faiblesse apparente en Allemagne des prolongements de la contestation de ce monde qui a besoin du nucléaire (à titre d’exemple, rappelons qu’en Allemagne la contestation du nucléaire s’appuie énormément sur le mouvement paysan et que celui-ci est essentiellement composé d’éleveurs industriels qui ont certes depuis des années participé à une réappropriation locale des moyens de production d’électricité par la méthanisation des effluents d’élevage, mais au prix d’une allégeance à l’horreur de l’élevage industriel).

Le spectacle médiatique (respectabilité et affaiblissement de la pensée)

Tout le monde reconnaîtra que cela faisait longtemps qu’une telle initiative, assumant un niveau de conflictualité avec l’ordre établi qui n’est plus souvent atteint, notamment en matière d’opposition au nucléaire, n’avait accepté un tel jeu avec les médias. Nous aurons été tellement servi en retour que cela impose de questionner ce choix pour la suite.
Pas un média national (sans compter quelques médias étrangers) n’aura eu l’outrecuidance de snober le spectacle qu’ils s’étaient promis de fabriquer, d’autant que nous y avions prêté le flan (en nous en prenant à ce train Castor en particulier, nous savions pertinemment que nous devrions faire face à l’héritage médiatique des luttes allemandes largement relayées l’an passé).
Nous avions donc devancé le spectacle à venir en assumant la multiplication de communiqués et en accueillant les médias à l’entrée du camp (en interdisant qu’ils y pénètrent). La seule ambition de cette attitude était de tenter d’éviter que soit accolée immédiatement, et comme d’usage en pareilles circonstances, l’image de « sauvages black-blocks » débarquant dans le Cotentin. Cette image aurait été d’autant plus nuisible que nous n’avions pas eu assez de temps pour rencontrer toutes les personnes susceptibles de nous rejoindre à terme, et qu’elle aurait pu générer une défiance qui aurait pu tuer notre initiative dans l’œuf. Nous savons tous que ce jeu est pervers, non seulement parce qu’on ne maîtrise rien du résultat mais parce qu’il implique de formuler des « pensées-minute » prêtes à l’usage qui finissent par affaiblir le processus fragile d’élaboration d’une pensée collective (sans compter l’abrutissement de celles et ceux qui se prêtent au jeu momentané du « porte-parolat »).
Malgré la bouillie inévitable, on peut convenir que le résultat n’est pas si désastreux et qu’à défaut d’être désignés comme « black-block », nous héritons désormais de la figure respectable d’« indignés du nucléaire » ou d’« indignés de Fukushima ». Comme toute figure spectaculaire, nous n’avons pas grand-chose à en faire si ce n’est de la déconstruire par les faits et la pensée ; il n’en demeure pas moins que cette image-là ne fragilise pas trop le travail de rencontre en cours. Qu’un tel niveau de conflictualité n’ait potentiellement effrayé que peu de monde n’est pas rien au regard de la léthargie ambiante.
Au-delà de ce constat, la question reste entièrement ouverte quant au fait de poursuivre ou non dans ce sens.
Les malentendus possibles autour d’une telle figure d’« indignés » sont tellement énormes qu’il faudrait a minima se questionner sur la manière de s’en défaire et de ne pas y donner prise. A nous de ne pas rater l’écriture de textes de réflexion accompagnant l’action de Valognes.

L’élargissement et les divergences

C’est sans doute le point aveugle le plus délicat de l’appel de Valognes. Ce dernier formulait comme suit son approche des divergences existant au sein de la nébuleuse antinucléaire :
A quelque tendance du mouvement antinucléaire que l’on appartienne, il faut cesser de faire grief de notre échec collectif à telle ou telle autre tendance. Ce mécanisme de division atavique nous dédouane certes de toute responsabilité, mais nous condamne à perpétuer les causes de notre faiblesse. L’enseignement qui nous vient du mouvement allemand est précisément que les différentes tendances peuvent coexister sur une base pratique, en ayant chacune son mode d’action. A partir du moment où toutes poursuivent sincèrement le but commun d’en finir maintenant et par elles-mêmes avec le nucléaire, aucune n’a de titre à condamner la stratégie adoptée par les autres. La permanence des luttes de chapelles en France n’exprime que l’insuffisance pratique du mouvement.

Pour le formuler autrement il s’agissait de renverser l’idée que la faiblesse du mouvement radical serait due aux mirages lobbyistes et électoralistes, là où le renforcement des mirages serait plutôt dû à notre faiblesse. Qui de la poule ou de l’œuf… ? Dans ce contexte de « paix des armes » le point d’accord minimal devrait être de vouloir « en finir maintenant et par [nous]-mêmes avec le nucléaire ». Sous-entendu en finir avec les illusions électorales et lobbyistes.
Force est de constater que c’est cette bienveillance à l’égard des différentes composantes du mouvement d’opposition au nucléaire qui a autorisé autant d’organisations à nous rejoindre (jusqu’à l’improbable Europe Ecologie-Les Verts – Pays de la Loire), autant qu’une lecture distraite du texte. Ne nous leurrons pas, la majeure partie de ces soutiens sont lobbyistes ou électoralistes et le travail de convergence avec ces organisations reste hasardeux. L’important sur le moment est que cette bienveillance a autorisé quelques individus de cette myriade d’organisations à nous rejoindre et que les tensions sur les divergences vont peut-être pouvoir se travailler en se défaisant des sentiments d’appartenance à ces organisations. C’est le prochain travail auquel nous devons nous atteler, notamment pour le prochain rendez-vous de Coutances (samedi 14 janvier). Il faudrait se donner les moyens de préparer une discussion approfondie sur les trois fantasmes évoqués dans le présent texte et dont l’accord minimal doit être de s’en garder : la politique du « geste fort », le lobbying et l’électoralisme. C’est en partant de là que nous pourrions aussi expliciter les partis-pris divergents qui habitent l’opposition au nucléaire en France : les tenants des « alternatives » (il faut consommer autrement), les « survivalistes » (il faut sauver sa peau), les libertaires et radicaux (il faut en finir avec le nucléaire et son monde)… pour en rester à une description partielle et caricaturale. Il y a peu de chances que ces lignes-là bougent miraculeusement mais il faudra bien que le collectif « Valognesstopcastor », s’il est amené à survivre et à se transformer, prenne position sur ces divergences. Il semble que l’alternative se situe entre assumer l’héritage libertaire et radical (pour assumer la caricature précitée) plutôt dominant aujourd’hui au sein de ce collectif au risque de sans doute compliquer la possibilité d’élargissement désiré, ou assumer de n’être qu’une coordination de circonstances portant des initiatives d’actions au risque d’abandonner le travail de critique radicale de ce monde au profit de stratégies d’alliance sans lendemain. Pour ce qui est de cette dernière alternative, on sait trop la dépossession des individus à l’œuvre dans ce type de démarches autant que les manipulations dont elles sont grosses pour s’y laisser prendre. Ce sur quoi nous devons nous appuyer avant toute chose c’est sur la réappropriation par chacun des moyens mis en œuvre dans la construction d’une opposition consciente et réfléchie.
Pour l’heure, il faudra en particulier éclaircir notre rapport à Greenpeace, qui, tout en ayant apporté une aide en termes d’informations sur le convoi, se sera dissociée systématiquement de notre initiative, jusqu’à dénoncer par voie de communiqué paru dans la presse les « violences » dont nous aurions été les auteurs (sans que les rédacteurs de ce communiqué n’aient pu constater sur le terrain de quoi il retournait, pire même, puisque ce point de vue-là est venu d’une personne qui a passé la journée de mercredi de l’autre côté du front, entouré de la flicaille et du préfet…). Nous devons réagir à cette malveillance évidente qui ne semble pas être partagée par d’autres membres de Greenpeace dans le Cotentin.

Penser la société nucléaire et son opposition

Chacun en conviendra sûrement, et la durée du camp écourtée d’une journée n’y est pas pour rien, nous avons raté l’occasion d’une discussion sur ce monde nucléarisé, les raisons de notre opposition, l’histoire critique des luttes et les perspectives envisageables. Ce n’est que partie remise, mais c’est la priorité que nous devons tenir. Le rendez-vous de Coutances sera sans doute un premier pas dans cette direction, mais avec le souci d’un meilleur ancrage local. Il faudra donc prévoir une rencontre plus large en début d’année.
Pour l’heure, les approximations de la tribune de Libération sur la prétendue agonie finale de la mafia nucléaire semblent être le reflet de ce manque de partage des analyses. Pour ne reprendre l’analyse que sur ce point, le rendez-vous de Valognes a certes contribué à perturber l’arrogance légendaire du lobby nucléaire, mais l’actualité des derniers mois et notamment des derniers jours nous remet face à l’acharnement d’un Etat nucléarisé, qui plus est possédant l’arme atomique et la certitude idéologique de lutter pour son « indépendance » et sa « fierté nationale ». Nous avons la mémoire courte : rappelons-nous que, pour beaucoup, Tchernobyl était également le reflet de cette agonie programmée… Pour l’heure, l’EPR est toujours en chantier, toujours prêt à l’exportation, les lignes THT sont en chantier, ITER aussi, la prospection de mines d’uranium se poursuit (voir les découvertes d’Areva en Jordanie ces derniers jours), et l’armement nucléaire n’est en rien concerné par le brouhaha médiatique. Il faudrait a minima se mettre d’accord sur ce constat pour définir les suites possibles de Valognes.

Les suites possibles en termes d’activités pratiques

         Les flux, notamment le combustible

Nous avons constaté avec Valognes qu’il existait une possibilité d’intervenir concrètement sur ce maillon de la filière. Nous avons même constaté que c’était une activité quotidienne peu protégée en période « normale » et qu’Areva n’avait pas si peur que ça de nous pour le moment, au point d’accueillir un train de matières radioactives dès le surlendemain de notre action..! Un harcèlement à cet endroit semble envisageable. Intervenir sur les flux de combustible en provenance du Niger ou du Canada (via Le Havre ou Sète, vers Narbonne) semble une autre étape à franchir avec l’intérêt de mettre en lumière cet autre scandale de cette industrie qu’est le mode colonial d’extraction du combustible.

         La THT

Les chantiers des pylônes ont démarré début décembre après la délivrance de la totalité des permis de construire, promettant d’être achevés à l’automne 2012. La résistance à cet endroit a certes décliné depuis quelques mois, mais que ce soit à travers les actions récentes de déboulonnage (publiques ou non) ou avec l’effet que peut générer l’action de Valognes (démonstration d’une possibilité de nuisance), nous pouvons espérer qu’une nouvelle phase s’ouvre à cet endroit. D’autant que le terrain se prête peut-être encore plus à des « partis de campagne ». Il faudra en discuter sereinement à Coutances avec les principaux concernés, en ne négligeant surtout pas les positions politiques qui peuvent se développer à partir de cette ligne THT.

         Bure

Un rendez-vous a été envisagé pour 2012. Tout reste à discuter sur ce qui pourrait s’y faire, compte tenu à la fois de l’importance de ce chantier pour l’industrie nucléaire et de la faible mobilisation (comme partout…) sur place.

         L’EPR

Il est difficilement envisageable de laisser ce chantier se faire tranquillement, même s’il est aussi difficile d’envisager concrètement comment s’en prendre à lui. Peut-être la lutte contre la THT pourrait-elle en être le biais ?

         La fabrique des experts

Un autre maillon de cette filière quelque peu délaissé depuis des années est la fabrique des experts du nucléaire. On n’en dira pas plus pour le moment, mais c’est autant la survie du nucléaire en termes d’ingénierie qui se joue là que la propagande nucléariste.

 

Le 15 décembre 2011,
Un de ceux de Valognes

___________________
* et ** : voir pour les analyses à ce sujet les ouvrages de l’Encyclopédie des nuisances, et notamment : R. RIESEL et J. SEMPRUN, « Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable ».


Action contre le train Castor de déchets nucléaires

Posted: novembre 23rd, 2011 | Author: | Filed under: Sur les rails, Textes en français | Commentaires fermés sur Action contre le train Castor de déchets nucléaires

Communiqué du collectif Arrêt d’urgence nucléaire

Aujourd’hui, mercredi 23 novembre 2011 en début de soirée, des trains ont été stoppés dans la région de Rouen par des signaux d’arrêt d’urgence disposés sur les rails. Dans un climat de violentes répressions policières(1), nous avons ainsi contribué à ralentir le 15e train Castor de transport de déchets nucléaires à destination de Gorleben (Allemagne).
Chaque jour, par route ou par rail, des conteneurs irradiants circulent entre les diverses installations nucléaires qui mitent les territoires.
Les déchets sont le symbole de l’incapacité à gérer durablement et véritablement les conséquences du grand délire nucléaire. Leurs transports sont leur manière de faire diversion. Déplacer pour créer l’illusion de savoir qu’en faire, « retraiter » pour « recycler » en partie à des fins militaires, enfouir pour camoufler, et surtout, brasser du vent face à l’impossibilité de gérer l’ingérable.

Nous ne pouvions pas rester assis et nous taire face à ce train-train qu’on nous impose à coups de matraques et de menaces répressives.

En ralentissant le train Castor, nous espérons que chaque minute perdue soit autant de temps pris pour lever le voile sur ce que l’industrie nucléaire désire à tout prix cacher: ses déchets, le danger qu’elle nous fait subir tous les jours par ses centrales, son essence profondément centralisée et totalitaire… Nous voulons faire parler de l’horreur quotidienne que constitue le système nucléaire. Nous voulons faire taire la propagande de la nucléocratie qui nie sans cesse le danger de leur méga-machine, de Tchernobyl à Fukushima, des mines d’uranium du Niger jusqu’à l’usine de production de plutonium de la Hague. Nous voulons faire de ce trafic mais aussi des suivants, un enfer pour tous ceux et toutes celles qui collaborent à ce monde mortifère. Nous seront toujours là, que ces trains exportent la mort à Gorleben ou ailleurs.

Nous ne sommes pas les seuls aujourd’hui à agir, et demain nous seront plus nombreu-ses-x encore. Ne nous y trompons pas, nous ne revendiquons pas l’arrêt des transports de déchets nuclaires, nous revendiquons l’arrêt immédiat du nucléaire et du monde qu’il engendre.

Arrêt d’urgence nucléaire

arretdurgencenucleaire arobase riseup point net

(1) Hélicoptères, gaz lacrimogène, grenades assourdisantes, flash-ball, matraques…